La restauration des oeuvres d'art japonaises et leur transmission aux générations futures.
Lors de la visite de musées en France, les visiteurs sont souvent surpris de constater que les musées français possèdent de riches collections d'art japonais, amassées par des collectionneurs français à partir de la fin du XIXe siècle. Ce phénomène reflète l'histoire de l'attrait des Français pour l'art japonais.
Lors d’un précédent article, nous avons déjà présenté le kintsugi (*). Il s’agit d’une technique de restauration de céramiques brisées ou fissurées, dans laquelle les parties endommagées sont collées ensemble à l'aide de laque et recouvertes de poudre d'or.
Aujourd'hui, il est courant de voir ce procédé utilisé pour décorer les céramiques. Et il est même tout à fait possible de trouver en France des personnes compétentes en kintsugi.
Toutefois, je me suis interrogée sur la restauration des peintures, des kakemonos (rouleaux suspendus) et des paravents japonais lorsque ceux-ci sont abîmés. En Europe, il se trouve que ce type de restaurateurs d'art japonais existe. C’est le cas de Coralie Legroux, experte dans ce domaine.
Madame LEGROUX a découvert l'art japonais pendant ses études et a par la suite appris au Japon les diverses techniques de restauration d'art. Elle se spécialisa alors dans la restauration de peintures japonaises (nihonga), de kakemonos et de paravents. Le processus de transposition d'une oeuvre de calligraphie ou de peinture en un kakemono ou un paravent est appelé hyoso ou hyogu (montage). Les kakemonos sont généralement composés d'une partie appelée honshi sur laquelle se trouve la calligraphie ou la peinture, qu’elle soit réalisée sur papier ou sur soie. L’oeuvre est entourée d’une monture en textile avec un bâton de suspension (hasso) et un bâton d’enroulement (jikugi) dans la partie inférieure.
Dans la plupart des cas, ces bâtons sont en bois de Paulownia. Quant au paravent, sa structure de base est un cadre en bois sur lequel est fixé du papier ainsi que du textile. Par conséquent, une oeuvre montée comprend en général du papier, du tissu et du bois. Mme LEGROUX explique que la restauration d'oeuvres d'art occidentales comporte des spécialisations distinctes selon les matériaux, comme les arts graphiques, la peinture ou encore les textiles.
Par contre, pour restaurer une oeuvre japonaise montée, il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance de la technique de la peinture japonaise, ainsi que de celle du papier, des textiles et du bois. Cela représente, selon elle, une des principales différences entre la restauration d'art japonais et d'art occidental.
Mme LEGROUX m'a expliqué qu'une méthode couramment utilisée lors de la restauration d'une oeuvre d'art japonaise consiste à rendre les parties lacunaires restaurées identifiables. Pour cela on réalise une mise au ton, d’une couleur un ton en dessous de l’original. La différence de couleur ne gêne pas la contemplation et permet ainsi de détecter les zones qui ont été restaurées. La réversibilité des techniques employées pour la restauration des oeuvres d’art garantit leur transmission aux générations futures.
C'est grâce aux efforts de restaurateurs européens tels que Mme LEGROUX, qui est habilitée auprès des Musées de France, que nous avons la chance de voir des oeuvres japonaises en bon état en Europe. Ces oeuvres restaurées avec soin contribuent, à n’en pas douter, à la promotion de la culture traditionnelle japonaise en Europe.
Pour plus de renseignements www.hyogu.fr
* 121 le kintsugi et l'art de mettre en valeur les imperfections.